(28-29)
Un degré plus bas et voici l'étrangeté : s'apercevoir que le monde est « épais », entrevoir à quel point une pierre est étrangère, nous est irréductible, avec quel intensité la nature, un paysage peut nous nier. Au fond de toute beauté gît quelque chose d'inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d'arbres, voici qu'à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu'un paradis perdu. L'hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n'avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user cet artifice. Le monde nous échappe puisqu'il redevient lui-même. Ces décors masqués par l'habitude redeviennent ce qu'ils sont. Ils s'éloignent de nous. De même qu'il est des jours où sous le visage familier d'une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu'on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n'est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c'est l'absurde.
Go one step further and discover this oddity: to glimpse the world as "dense", to understand a stone as something foreign and irreductible to us, to grasp the intensity with which nature, a landscape can negate us. The inhuman lies at the core of all beauty, and as soon as we see these hills, the softness of the sky, the patterns on the trees, as such, the illusory meaning in which we've clothed them falls away, leaving them more remote than a paradise lost. the primordial hostility of the world rears up at at from across the millenia. For a moment, we fail to understand, since, for centuries, we've only understood the world in terms of drafts and diagrams that we had ourselves imposed. we find our trickery impotent. In its true form, the world escapes us. The scenery, hidden in the folds of our conventions and routine, reveals itself for that which it's always been. This background is distant and cold to us. All the same, on certain days we can fail to recognize a familiar face, even one that we've loved for months or years, so it's possible that we'll even come to desire the very thing that makes us alone. but that time hasn't yet come. This so called density, the foreignness of the world: that's the absurd.
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